Article rédigé par Xavier Kern, docteur en naturopathie et ingénieur biomédical à Obernai (67210)

La neuro-inflammation est quelque chose de très peu connue mais pourtant tellement présente. Comme son nom l’indique, la neuro-inflammation est une inflammation au niveau neurologique. Elle se manifeste par de nombreux symptômes très handicapants comme dépression, difficultés à se concentrer, à trouver ses mots, fatigue extrême, « brouillard » au niveau du cerveau, anxiété, problèmes de sommeil, acouphènes, problèmes visuels, vertiges etc etc. La liste est très longue et pourtant personne ne s’en soucie !

Comment peut apparaître la neuro-inflammation?

Après un traumatisme crânien avec ou sans perte de connaissance, un stress constant, un syndrome post-traumatique, un AVC (Accident Vasculaire Cérébral)…, l’inflammation au niveau neurologique peut se développer. Des tests cliniques peuvent être effectués en cabinet pour le déterminer en plus de l’examen clinique habituel. Il n’est pas nécessaire d’avoir un IRM cérébral indiquant de nombreux soucis pour avoir de la neuro-inflammation, puisque celle-ci apparaît dans tous les cas de traumatismes crâniens et je dis bien tous! Souvent le patient ira alors passer son IRM et on lui dira « tout va bien, vous pouvez rentrer chez vous tranquillement », alors même qu’il souffrira de nombreux symptômes « invisibles ». Les symptômes peuvent être immédiats ou dans 5, 10 ou 15 ans. Pourquoi? Parce que tout dépend de l’état du patient à ce moment là et de la force de l’impact. Si le patient est en très bonne santé, alors il aura beaucoup plus de chances de bien récupérer, mais ce même patient 10 ans plus tard, s’il développe un diabète ou d’autres soucis de santé, pourra réactiver la neuro-inflammation. L’explication est assez simple: le cerveau est constitué de microglia, qui sont des cellules immunitaires du système nerveux qui examinent les infections et dommages au niveau du cerveau. Ces microglias contiennent de nombreuses ramifications. Après une phase inflammatoire, ces microglia passent de l’état « nombreuses ramifications » à plus de ramifications (M1), qui est un état inflammatoire. Une fois en l’état M1, il est impossible de revenir à l’état initial avec toutes les ramifications, mais il est possible de passer à l’état M2 qui est anti-inflammatoire, et inversement l’on peut passer de M2 à M1 (voir schéma ci-dessous).

Différents états des microglia (1)

Revenons sur ce patient avec un trauma crânien, mais sans symptômes après coup. 10 ans plus tard, il développe un diabète ou une autre pathologie, et ses microglia qui étaient en l’état M2, anti-inflammatoire, passent en l’état inflammatoire M1. Ceci active la neuro-inflammation et engendre ainsi de nombreux symptômes. L’objectif étant donc toujours de pouvoir repasser en l’état M2 et y rester le plus longtemps possible, en contrôlant l’inflammation, mais aussi l’état de santé global. Car effectivement, toute modification peut entraîner une réactivation de l’inflammation.

La barrière sang/cerveau

La barrière sang/cerveau est une barrière entre la circulation sanguin et le système nerveux central. Elle protège le cerveau de l’entrée des agents pathogènes, des toxines et autres au niveau du cerveau, tout comme le fait la barrière intestinale au niveau des intestins, et contrôle l’entrée des nutriments et autres nécessaires au bon fonctionnement du cerveau mais aussi à l’élimination des déchets.

Elle peut s’ouvrir suite à un traumatisme crânien mais pas uniquement. En effet, un stress post traumatique peut avoir les mêmes effets qu’un traumatisme crânien sur la barrière sang/cerveau (2). On peut vérifier la perméabilité sang/cerveau suite à un traumatisme crânien en mesurant la protéine S100-B (3), surtout dans un temps court après le traumatisme. Sur le plus long terme, il est intéressant de mesurer, avec le laboratoire Cyrex et son Array 20**, les anticorps.  Je peux proposer ce test à mes patients, puisque je suis, actuellement, la seule personne en France ayant accès aux tests du laboratoire Cyrex.

De plus, lors d’un traumatisme crânien, la barrière intestinale est aussi impactée et les jonction s’ouvrent (4). Le travail au niveau intestinal est donc aussi obligatoire dans ce cas.

Les solutions

Les solutions sont nombreuses mais dépendent, bien entendu, comme toujours, de chaque cas. Il faut savoir être patient aussi, car un système nerveux atteint ne se répare pas en 2 semaines. Il faut travailler sur tous les niveaux pour calmer une neuro-inflammation sévère, c’est-à-dire la nutrition anti-inflammatoire (voire mieux cétogène, le cerveau étant constitué de beaucoup de gras), un bon sommeil, une activité physique régulière diminuant ainsi l’inflammation, des compléments alimentaires anti-inflammatoires, mais aussi s’occuper des intestins, des virus en cours, des champignons, des toxines, des carences etc etc. Ceci peut être un travail très complexe et long mais qui en vaut la chandelle. Des exercices pour réhabiliter le cerveau seront aussi nécessaires en faisant travailler les aires les plus touchées. L’on joue aussi sur la neuroplasticité avec des exercices de plus en plus complexes selon l’évolution du patient, ainsi que sur le nerf vague.

Une mesure de la variabilité cardiaque permettra aussi de vérifier le fonctionnement du système nerveux et d’ainsi agir en conséquences.

(1) tiré de la formation du Dr Kharrazian sur la neuroinflammation en mai 2019

(2) article consulté le 5 juillet 2019: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29302258

(3) article consulté le 5 juillet 2019: https://consultqd.clevelandclinic.org/a-biomarker-for-childhood-emotional-trauma/

(4) article consulté le 8 novembre 2019: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5019014/

*Article à visée d’informations uniquement et ne pouvant pas servir pour le diagnostique ou traitement, et ne se substituant pas à une consultation avec un médecin.

**Je n’ai aucun contrat financier ou autres avec ce laboratoire et ne touche donc aucune commission.

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